Le CE extraordinaire du 11 mai dernier traitait un point unique : la cession de Lille. Quelques rappels sur le contexte :
Lille, déclarée non rentable, dans un premier temps annoncée comme « regroupée » à Niort lors du CE de décembre 2009, va être cédée. Après des mois d’interrogations et d’inquiétudes, les lillois rencontrent l’acheteur potentiel. L’échange est positif, l’impression favorable.
Un premier document, très « léger », est remis au CE en janvier.
Les élus interrogent la direction dans le cadre de la procédure, classique, d’information – consultation. Ils souhaitent des réponses sur les motivations, les conséquences tant pour les lillois que pour le reste de l’entreprise, bref, ils tentent de faire le boulot pour lequel ils ont été élus.
Lors du CE extraordinaire (encore un) du 29 Avril, qui s’est passé à Lille, ils adoptent un 1ère délibération alertant la direction sur les grandes lacunes de l’information reçue, et l’impossibilité de donner un avis en l’état. L’avis du CE, rappelons-le, est un préalable à la signature du contrat de cession.
Avant chaque CE, qui commence vers 13h00, les élus les plus motivés se retrouvent dans la matinée pour préparer la séance. Le 11 mai, ils constatent à nouveau que la direction semble décidée à ne pas prendre au sérieux leurs demandes répétées.
A Lille, les salariés ont pris leur destin en main : ils ont annoncé un mouvement de grève démarrant au même moment que le CE et transmis une liste de revendications jugées minimales (garantie d’emploi, indemnité, etc.). CGT et FO proposent aux autres syndicats une déclaration commune pour alerter plus solennellement la direction. La CFDT s’y associe, nous la finalisons ensemble. La CGC refuse et nous annonce : « si la direction demande un avis, nous le donnerons, les lillois veulent cette cession, nous ne la bloquerons pas ».
Les explications n’y font rien : l’objectif n’est pas de bloquer la cession mais bien de la sécuriser pour toutes les personnes concernées. Certains salariés concernés ne semblent pas souhaiter ce transfert, or la base juridique sur laquelle la direction s’appuie pour l’imposer à tous ne tient pas – il faut laisser le choix à ceux, notamment parisiens, qui voudraient rester. Des questions aussi simples que « quelle sera la formule de calcul pour le passage de 13 à 12 mois pour le versement du salaire ? » n’ont pas reçu de réponse – c’est un minimum quand-même !
Nous demandons à rencontrer le repreneur pour obtenir en direct et simplement les réponses notamment sur la manière dont nos collègues seront intégrés chez celui-ci – refus systématique de la direction, bien que cela se soit toujours pratiqué lors des cessions précédentes, et sans incident. Alors que le repreneur lui-même était d'accord pour rencontrer les membres du CE.
La séance du 11/05/2010 débute. Les motions, déclaration de grève des lillois, etc. sont lues. Un échange a lieu sur les questions posées par le CE. A maintes reprises, la direction répond « nous allons rechercher la réponse à cette question » ou « nous ne pouvons pas nous engager à la place du repreneur ». La logique semble claire : l’information n’est pas terminée. Oui, mais la direction semble savoir qu’elle obtiendra un avis si elle le demande. Elle peut donc engager les négociations avec les lillois en position de force.
Les lillois finissent pas accepter un compromis. La direction pousse l’avantage : la transaction doit être scellée par un avis du CE. FO, CGT et CFDT appellent leurs membres à refuser de participer au vote. Résultat : 7 votes exprimés, 5 refus de participer au vote. Pour certains votants, il y a bien longtemps qu’ils n’étaient pas resté aussi tard dans une réunion de CE…
La direction a maintenant les mains libres. Elle peut même se permettre le luxe de poursuivre l’information (ce qui s’est passé au CE du 20 mai) alors que l’avis est donné, et sans répondre réellement aux questions !
Lors de notre visite à Lille le 19 mai, nous avons rencontré des salariés soulagés de voir que les choses avançaient mais inquiets parce que leurs revendications qui étaient un minimum sont devenues exhaustives le 11 mai. Ils ont conscience qu’un certain nombre de questions sont encore sans réponse et que le CE a perdu son moyen de pression pour les obtenir et les aider.
Notre liste s’est engagée à les soutenir dans leurs actions pour avoir des réponses.
Précisons que durant toutes les discussions, le périmètre à régulièrement oscillé entre BU81 et agence de Lille. La BU81 regroupe tout les salariés lillois et quelques non lillois. Par simplification nous avons dans ce texte parlé de Lille mais au final c'est bien cette BU81 qui est concernée.