Vous en avez entendu parler, ou pas d'ailleurs, les élections des représentants du personnel approchent. Nous nous doutons qu'étant donnée l'actualité dans l'entreprise ce n'est pas forcement le sujet qui vous passionne le plus. Comme nous le pensions, la Direction souhaite cette année mettre en place le vote électronique. La CFDT et la CGC étant pour, cela se fera quel que soit notre avis.
Mais pourquoi s'opposer au vote électronique ?
Nous comprenons bien sûr les avantages en termes de coût et de charge de travail pour les services RH. Ils ont sans aucun doute des choses beaucoup plus importantes à faire que de passer de longues heures à photocopier des listes ou faire des mises sous enveloppe.
Nous avons déjà beaucoup plus de mal à comprendre l'argument selon lequel plus de salariés voteront. Nous avons probablement le tort de penser que les salariés sont des gens responsables qui votent, ou pas, afin d'exprimer une opinion, et non parce qu'on met à leur disposition un système de plus en plus simplifié, banalisant le geste. Nous préférerions que l'on se pose la question de pourquoi les salariés ne votent pas lors de ces élections plutôt que de supposer qu'en leur permettant de voter en 2 clics machinaux, ils voteront plus. A titre d’illustration, les Etats-Unis sont les recordmans du monde de l’abstention, alors qu’ils utilisent des systèmes « perfectionnés » censés aider à voter.
Mais pour nous il y a des problèmes plus fondamentaux.
Déjà, le système permet un vote invérifiable, on n’a pas de papier à compter pour comparer avec la base de données en cas de doute. Le système est opaque, les codes sources ne nous sont pas donnés, et de toute façon la majeur partie d'entre nous serait incapables de les comprendre.
Mais surtout, dans nos démocraties représentatives, un vote doit être transparent, unique, sincère, confidentiel et anonyme. Ce système ne réunit pas ces conditions. Les 3 premières posent problème en cas d’intrusion dans les bases de données. Les deux dernières sont menacées par le fait que le vote pourra se faire du poste de travail, donc potentiellement sous le regard des managers ou d’autres collègues.
La Fédération des Associations Françaises des Sciences et des Technologies de l'Information, tout comme l'April (Association de promotion et de défense du logiciel libre) ont pris ainsi clairement position contre ce type de vote.
Cependant cela ce fait de plus en plus dans les entreprises, et donc cela ce fera chez nous.
Puisque le vote électronique sera mis en place autant que cela soit fait le moins mal possible.
Un premier effort a été fait par la direction par le choix d'un prestataire réputé pour être le plus fiable sur le marché à l'heure actuelle.
Cependant, nous avons, a priori, choqué et la Direction et nos collègues de la CFDT et CGC en réclamant le respect d'un principe élémentaire de la démocratie qu'est la confidentialité du vote, qui pour nous passe par la non accessibilité du vote sur les postes de travail.
En effet, nombre d'entre nous travaillent dans des bureaux collectifs où tout ce que fait l'autre peut être vu ; dans ce cas, comment être sûr de pouvoir voter tranquillement, sans pression de l'entourage ?
La Direction répond aujourd'hui qu'il n'y aura pas de problème puisque des ordinateurs de vote électronique avec isoloir seront mis à dispositions des salariés et que ceux qui le demanderont pourront toujours voter par correspondance papier (ce que nous vous encouragerons à faire). Bien évidemment, penser que certains managers pourraient vouloir empêcher leurs subordonnés de se rentre aux « machines à voter » au prétexte qu'ils peuvent le faire depuis leur poste de travail (et donc pourquoi perdre quelques précieuses minutes de productivité pour un banal vote) ne serait que pur fantasme… Quoi qu'il en soit, si vous décidez de voter par ce moyen, nous vous encourageons à vous déplacer jusqu'aux ordinateurs de vote et de prendre le temps nécessaire dans l'isoloir pour voter sereinement.